À force de se taire
J’avance dans les mots
comme un sang
cherche sa blessure,
une chanson ses lèvres
et la douleur sa plaie.
Les mains qui engendrent les ombres
sont les mêmes qui trouvent la lumière.
Les mots s’épanouissent
ou bien s’évanouissent
sans qu’on sache pourquoi.
À force de se taire,
à force de parler,
il faut les remplacer.
Il y a toujours un fleuve
au milieu de la rue
que seuls les enfants,
les clochards et les fous
apprennent à traverser.
Leurs paupières ont des ailes.
Leurs mains vides servent de rames.
Je cherche encore la vie,
ce qu’il y a de mou au cœur des pierres
et de ruisseau sous l’asphalte.
Je cherche l’homme
et je ne trouve que ses habits.