Vous avez dit violence ?

Publié le par la freniere

 

            Lorsque les étudiantes et étudiants sont parfois obligés de se prostituer pour payer leurs études, où est la violence ?

            Lorsque des femmes indiennes ou sud-américaines vendent un de leurs organes pour pouvoir faire vivre leur famille, où est la violence ?

            Lorsque des millions d’êtres humains aux Indes encore souffrent horriblement du statut d’intouchables et que même se laisser effleurer par leur ombre est considéré comme une souillure, où est la violence ?

            Lorsque des nord-américains, par millions, sans protection sociale et droit à la santé se retrouvent en plus expulsés de leur maison, où est la violence ?

            Lorsque des parents vendent un de leurs enfants thaï ou cambodgien pour la prostitution enfantine dans le but de faire vivre le reste de la famille, où est la violence ?

            Lorsque des millions d’hommes, de femmes, d’enfants dans le monde, démunis de tout vivent dans les bouches de métro, se nourrissent dans les poubelles, où est la violence ?

            Lorsque des ouvriers arrivent le lundi matin au travail pour constater que les ateliers et bureaux sont vides parce que toutes les machines et moyens de production ont été déménagés sauvagement et clandestinement pendant le week-end, où est la violence ?

            Lorsqu’il est demandé de plus en plus fréquemment aux salariés de produire toujours plus pour de moins en moins de salaire et de garanties, où est la violence ?

            Des sociétés et des patrons vont jusqu’à demander à leurs salariés de travailler gratuitement – toujours bien sûr au prétexte de sauver l’entreprise – la prochaine et ultime étape serait de demander aux gens de payer pour travailler. Alors, où est la violence ?

            Les coffres des banques suisses et des paradis fiscaux sont pleins d’or, de diamants et de monnaies fortes, à en péter les jointures. Alors, où est la violence ?

            Les banquiers, agioteurs boursiers et leurs traders, qui ont précipité le monde dans la crise et le marasme, continuent à se voter des primes exorbitantes, alors même qu’ils ont été sauvés par les impôts des nations concernées. Des milliards de dollars, de livres, d’euros pour les uns, les licenciements et expulsions pour les autres… Où est la violence ?


Yann Orveillon

 

In  Les Voleurs de Feu,  action tract poétique, numéro 27, octobre 2009

 

Des articles et poèmes de : Yann Orveillon, Marie-Lise Martins-Le Corre, Lukas Stella, Jean-Marc La Frenière, Jean Dupont, Isabelle Mély, Anne Jullien-Perhoas, André Chenet,Rodney Saint-Eloy, Gérald Bloncourt, Cristine Castello, Pierre Mayer-Dantec

 

Pour vous abonner 20 euros 

Les Voleurs de feu

13 rue Louis Pasteur

29630 Plougasnou

 

 

Publié dans Prose

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