Dans la nuit survivante
j'apprends très lentement à vivre à ciel ouvert j'enterre la face humaine sous des gangrènes d'or et j'ai abandonné des tessons de soleil dans la chair oubliée des hommes inutiles dans la nuit survivante les hommes sont contagieux il y a des fusils plus...
Il faut vivre dit-elle
Il faut vivre, disait ma mère. De rien du tout à la grande mer du néant, se poursuit la grande écriture du fleuve, avec ses heurts et ses retours, ses débours de langage, ses chicanes d’oiseaux, ses sacs et ses ressacs, ses tournures de phrases encore...
Je suis aussi
Je suis aussi Jeans et chandail par moins trente Un sans-abri Je suis aussi Une petite fille albertaine J'ai six ans on m'a abandonnée Nue dans la neige Battue agressée sexuellement À deux pas de Ma maison Je suis aussi Un fou oublié des oubliés En Côte...
Insouciance
Mes contemporains traversent l’espace des jours, dans l’impatience de brûler et de disparaître, sans aucune attention pour l’horizon, dont les éclats fleurissent la mémoire d’un fleuve fiévreusement oublié. La route avale le silence de chacun ; les ponts...
Des pleurs de neige
Un pied sur la page et l'autre dans la marge, écrire me devient de plus en plus difficile. Les phrases m'alourdissent. Pour qui ces cadavres de bois? Pour quel feu ces branches mortes? Que disent toutes ces feuilles bruissant comme des milliers de lèvres?...
Par monts et par mots
Sous le poids de la neige, la terre respire encore. Les choses sont plus difficiles à mettre en mots. C’est plus simple en été. Les contours sont moins flous, la brume plus légère. L’encre ne fige pas dans le tube d’un stylo comme une goutte de mercure...
Il y a des matins
Il y a des matins où se taire est un cri gardé à fond de gorge cadenassé Des matins de sang en Syrie et des soirs pareils à des chants d'oiseaux abattus sous les foules ouvertes comme le sont les mains de l'aube Des matins et des soirs interminables où...