Top articles
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Comme une bête inachevée
Il a fait froid cette nuit. À peine a-t-il calé, le lac s’est recouvert d’une mince couche de glace. On se croirait à l’automne quand les poissons s’endorment, quand les sources sommeillent, quand les arbres s’éteignent. Entre les pages de mon sea-man’s...
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Quart de nuit
Dieu des mares, des marées, des mers et des marins, relevez en douceur celui-là qui, tombé dans le cordage des jours et des nuits sans sommeil, a conduit sans faillir le bateau à son port dans la baie des étoiles. Il a fini son quart d'errance et de grisaille...
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Noé
Noé, celui de l'arche, est dans le pré, avec toute la lune au bord des animaux : des vaches et des cochons, des navets et des flots, des hublots d'étincelles, des grenouilles d'eau douce, des bergères d'Orient et des fautes d'orthographe, et tout compte...
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Lettre à Pablo Neruda
Nous, Nous n’avions que des mots d’oiseaux, les larmes de nos enfants et une tendresse pudique à opposer au vent, au froid et à l’acier. Eux, se croyaient mandatés pour perpétuer les pogroms de l’Eglise ancienne, pour boire le sang de nos femmes et voir...
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Pour le chant des oiseaux
Le tumulte des feuilles est aimable à entendre. Si la mauvaise herbe étouffait les tondeuses, les oiseaux bâillonnaient les klaxons et les marteaux piqueurs se taisaient pour toujours, je serais plus heureux. J’avais pris l’habitude qu’un pic bois me...
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L'armoire aux images
Chez moi les meubles sont en papier. Quand je sors prendre l'air, je dois dessiner la route, nommer les arbres, faire chanter les oiseaux d'un coup de crayon. J'ai fait un peu de ménage dans l'armoire aux images. J'ai plié l'horizon et défroissé l'azur....
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Civilisation ?
Sachant que le Moyen-Orient ne désarme jamais, que l'Irak saigne, que les Civils s'entretuent en Egypte, etc, etc !... EST-CE QUE CE MONDE EST VIABLE ? C'EST INSOUTENABLE ! Bien ! les termes de l'échange Commercial sur fonds de Tortures humaines et animales...
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Avec les mots du jour
L’automne est froid cette année. Même les bouleaux ne chantent plus. L’eau qui coule entre les doigts se transforme en glaçon. Les oiseaux portent déjà du givre sur les ailes et leurs habits d’hiver ralentissent le vol. Entre une vague et l’autre le fleuve...
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Seul un calice
Seul un calice rempli de larmes a l’éloquence du discours quand il parle de la grandeur humaine. Qui donc encore a conscience de l'opulence indécente quand des enfants meurent de faim? Je sais que "beauté" est un mot païen qui se décline en cris de cœur....
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Gaston Miron et l'Hexagone 1953-2013
Le 25 juillet 1953 fut lancé Deux sangs, d'Olivier Marchand et Gaston Miron, l'œuvre fondatrice des Éditions de l'Hexagone. Pour souligner cet anniversaire, la Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie prépare pour le Musée des arts littéraires du Québec,...
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Né rude
Il faut beaucoup d’esprit pour faire une entrée en matière l’inverse est tout aussi nécessaire l’un dira aimer la pierre le cœur le feu arrêté là moi c’est l’oiseau fourmilier qui picosse le bout de la nuit pourtant si éphémère celui qu’on ne voit pas...
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Je n'ai plus mal. Je m'accompagne.
Je ne répugne pas à marcher dans ma tête. Seul dans ma chair, l’infirmité danse comme une gitane autour d’un feu. Mon corps et moi, nous tenons l’humiliation du handicap à bout de bras, loin des flammes et des pas incertains. Un bateau à l’amer grince...
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Dans un cahier vivant
J’écris pour l’inconnu qu’on heurte dans la rue. Au seuil de l’horizon j’ai rompu les amarres, remis le miel aux fleurs, l’idée hors de sa cage et l’oiseau dans son oeuf. Mon coeur tapi dans un cahier bat d’un sang d’encre bleue. Les lettres du mot pain...
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Comme on parle aux arbres
L es enfants du Sahel rêvent qu’il pleut du pain. Un gros américain rote son hamburger. À l’heure du déjeuner, certains mangent des coups et d’autres du bacon. Pendant que les oiseaux avalent le bleu du ciel, les moutons ont une faim de loup. Il ne sert...
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Ils ont dit
Je distingue deux types de pouvoir, le « pouvoir- sur » (le pouvoir du capital, le pouvoir de l’État…) et le « pouvoir-faire » : notre pouvoir de créer, de faire des choses, qui est forcément un pouvoir social puisque notre « faire » dépend toujours du...
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Héritage de la stupeur
Il faut quelqu'un pour mourir. Et quelqu'un pour regarder mourir. Une fleur, un vase. Un baiser, une bouche. Un regard pour celui qui part, un regard pour celui qui veille. Ce don des larmes retenues, ce mouvement secret des sources au centre des pupilles,...
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Des tatouages de poésie
Les hommes qui dormaient dans l’herbe et la chaleur s’assoient devant l’écran en mangeant des images d’eux-mêmes. Ils regardent le monde par la fenêtre des portables. Leurs prières sans fil ne s’adressent qu’aux marchands. Quand je deviens végétarien,...
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Vous êtes vieux, monsieur
Je ne me suis jamais senti aussi vieux qu’en ces mornes lendemains d’élections provinciales. Je n’ai pourtant pas l’habitude de me plaindre de mon âge, même que certains d’entre vous me reprochent mon insistance à le rappeler, j’aurai 74 ans à la fin...
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Au non de Dieu
Tristan Corbière, malgré son nom, n'est pas un instrument à vent ni une callosité douloureuse qui affecte le pied. Et, en plus, quand il se saoule, c'est à l'eau-de-vie et ce pour tromper la mort. Les amours jaunes à Paris, c'est la bohème chic après...
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L'ombre des lampes bleues
Je ne sors que la nuit, dans mon vers hôpital, lieu maudit où s’active l’ombre des lampes bleues. Ces dessous d’un moi-même, à l’agonie des génériques et des rayons laser. Tout ce qui rôde tout au près de l’armoire du méd’cin chef, le nouveau dieu de...
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Comme un phosphore éteint
Les nuages blessés descendent jusqu’aux larmes. Restent-ils encore des hommes parmi les hommes, des mots qui tapent du pied dans le ronron poétique, la voix d’un corps vivant sous les habits d’emprunt, un peu du bruit de l’âme dans les brumes cérébrales...
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C'est arrivé
C'est arrivé doucement une approche un froissement de tissus dans la bande son un point de colle sur l'image et puis le sentiment confus que ça cloche un contre-chant un contretemps. J'avais trois ans peut être, la pellicule qui s'effiloche le film qui...
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À ceux qui voudraient vivre
Il suffit de faire un pas, pour se cogner le cœur à des barreaux de honte, poisseux comme le sang. Il suffit de faire un pas, pour se briser une aile ainsi qu’une hirondelle contre un poteau de haine, dressé comme un étau. Il suffit de faire un pas, pour...
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Ils ont dit
Parfois je me dis poète et cela me fait bien rire ce gros mot pour expliquer, apprivoiser cet élan cette manière d'habiter l'inhabitable d'une saison de voir son visage dans les pierres trouées non poète c'est une étiquette posée pour vendre de la tripe,...
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Qui a le pouvoir ?
Le poète prétend que le platane est en réalité un grand oiseau. Le philosophe dit : "Le platane a des lois que l'homme ne saurait comprendre." Le prêtre dit : "Un dieu habite le platane." Et le platane, tous les ans, grandit, grandit, sur les cadavres...