Top articles
-
Passage
Le temps c’est toujours un luxe pour les gens, il frappe aux portes, puis nous dit l’heure en échange de genièvre, ce commerce est vieux comme une pierre. Personne ne l’aime ce marchand de temps, mais tout le monde reste ami avec lui, car on sait bien...
-
En haut du frigidaire
Tu peux la voir en haut à gauche sur la porte du frigidaire, cette photo d'un petit garçon souriant, assis sur les marches d'un vieux hangar, à côté d'un chien. Il déterrait des clous rouillés pour les mettre dans des pots. Il dessinait des cartes de...
-
Rénover la vie
L ’enfant porte déjà le drame de sa vie. On le voit dans ses yeux. Ses petites mains potelées en cachent la raison. L’excès des années en souligne les traits. La vie finit par nous tuer comme un poisson par se noyer dans l’eau ou un oiseau tomber du ciel....
-
Largué dans l'inconnu
Me voici, depuis toujours largué dans l'inconnu malgré le garde-fou du langage. Je suis tellement ailleurs, j'entends à peine crier ma propre chair, pleurer ma descendance. En vieillissant, je gambade moins avec mes jambes et plus avec mes mots. Toute...
-
J'habite le poème
On ne raccommode pas le néant. Il faut détraquer la culture du commerce, le carrousel des mensonges, la machine à sous qui décervelle tout. Le rêve griffe à peine la peau dure du réel. La ville menace l’herbe de sa crasse. L’automne prend les feuilles...
-
Les cris des animaux
Il est bien évident que l’œuf a précédé la poule. Les cris des animaux ont précédés la parole des hommes. D’ailleurs quiconque assiste à un match de foot ou de hockey se rend compte que les hommes en reviennent vite aux borborygmes des gibbons. Même chez...
-
Pour dire ce qui est
L a langue est malléable quand elle sait les caresses. Elle ne tire pas dans le dos. Elle tiraille la peau avec un brin d’humour, une main d’amoureuse, un creux au cœur tout près à la tendresse. Les mots sont bien plus que des mots. Les phrases parlent...
-
Briser la vitre
N ous sommes si peu de temps sur terre, pourquoi dilapider son âme et vivre d’échappatoires ? On n’essuie pas d’un geste toute la poussière du temps. Dans la maison déserte, on met sur la mémoire une hausse à fauteuil. Une lueur brille à l’ombre des fantômes...
-
Blanc sur noir
Blanc sur noir, une bande de corneilles sur la neige simule un attroupement d'enfants. Elles vocifèrent et se chamaillent, qui pour une plume, qui pour une miette de pain, qui pour un mot échappé par mégarde. Des nuages passent, d'infiniment petits mêlés...
-
J'apprends
En regardant le paysage j’y cherche mes repères. L’homme gagne à rester humble face à la beauté du monde. J’ignore tout de la vie. J’apprends l’éclair et l’ombre par la pupille et la paupière. J’apprends la poussière et la peur par le pas des fantômes....
-
Cette pudeur
I l n’y a que l’homme pour faire une potence d’un arbre le plus beau, en chasser les oiseaux pour en faire une croix. La joie se heurte aux hommes. La haine a le champ libre. Ils se battent pour elle. Longeant le précipice du monde, je me raccroche à...
-
Adieu à la ville
Il y avait une place qu’on appelait la ville Belle hideuse entr’ouverte à la lumière des phares Plus d’un homme y a cru s’acharner sur la ligne Pour y sortir luisant le poisson des sous noirs Quand d’instinct la nuit folle éclaboussait les êtres Je restais...
-
Il y a des enfants
Il y a des enfants qui ne seront jamais des enfants Des enfants misères, des enfants couleurs Des enfants qui parlent de justice et qui n’ont pas dix ans Le poing fermé, la fleur aux dents. Il y a des enfants qui ne seront jamais des enfants Des enfants...
-
Le parchemin
«Chuit ! Chuit ! », le frottement des mots sur la page ou celui des pieds nus sur le sable, c’est pareil. Ça permet d’avancer. L’un mène plus haut, l’autre plus loin. Nous sommes un parchemin où s’écrivent les gestes. Il ne faut pas avoir peur de quitter...
-
Entre les lignes
J’arrive d’un village à l’avant-garde des niaiseries. J’ai quitté ce non-lieu pour avaler le monde. Ça sent la terre fraiche quand il pleut par ici. Il me semble renaître dans le mouvement des mots. L’ombre des chiens porte mes pas. Je les promène chaque...
-
En peau d'ours mal léché
Quand le pays me manque, je sors une plume de mon chapeau une plume d'Indien ou de harfang, des mots glanés à la va vite dans les tiroirs du terroir. J’arrache la feuille d’un drapeau pour y mettre des lys. J’en ai assez des I love you. Je préfère aimer...
-
À coups de majuscules
Je ne veux pas qu’on m’enterre à coups de majuscules. Il y a trop d’hommes qui pissent dans la soupe, qui broient du noir en tuant des peaux-rouges, qui tirent dans le tas sans même tirer la chasse, qui tirent des chèques en blanc aux prophètes de malheur,...
-
Préscience
Ses mains de feuilles froissées Creusent le terreau pour abrier Les rosiers avant l’hiver Il faudra aussi diviser les dahlias Et voiler les plantes fragiles La saison est fidèle La fatigue aussi Elle insiste trop Sur ses vertèbres sacrées Encore aujourd’hui...
-
La mémoire
La nuit je pense à vous votre visage est devant moi au niveau des miroirs et des sables Mère des bouquets et des arbres mère aux mains palpables Je vous vois vous avez des rires entre les doigts Et dans les yeux du sang véritable Aux épines des routes...
-
Avec la révolte
Ce que l’on méprise nous ressemble souvent. La barbe pousse encore dans les charniers du monde. Les dépouilles ont des ongles égratignant l’abîme. À chaque jour, des hommes dorment sur les passages cloutés. Des forêts meurent sous les caterpilars. Des...
-
Spirale des galaxies
La poésie s'élance par-ci, se décille par-là. Elle vit en dedans, perçoit par-delà. La poésie ruisselle comme torrent en plein soleil, elle "pisse comme je pleure" contre des murs d'indifférence. Saviez-vous citoyens que vous feriez de considérables économies...
-
La joie si difficile à dire
petite maraudeuse de grands chemins une dent carnassière plantée dans une pomme entre rire et soleil tes journées cheminent et bagotent selon les clapotis changeants de ta vie quelques brindilles craquantes pour griller les sardines la bonne buée tiède...
-
Je suis Pablo
Je suis Charlie, je suis Mustafa je suis Pablo, je suis Nikita, je suis Conception, je suis Esméralda, je suis Franz, je suis Hector, je suis Mafalda, je suis Mary, je suis Jorge, je suis Yossef, je suis Johny, je suis Lhassa, je suis Melchior, je suis...
-
L'Hôtel mort
L'hôtel est mort à soir les ombres dansent un slow le coeur étouffe un baillement assise seule dans un coin elle écrit toujours ce qui la déchire puis déchire ce qu'elle écrit derrière la porte de derrière de l'hôtel mort l'étanchéité du gel, de la forme,...
-
La renarde
Depuis des jours elle est proche de la ville. Elle doit avoir faim, les hivers sont rudes. Certains l'ont caressée dans le sens du poil, ont donné de la nourriture, des mots, des sourires, une sorte d'attendrissement. Après tout, les hommes ne sont peut-être...