Top articles
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Difficile
Difficile d’aimer l’homme en treillis de combat, la fillette en poupée, le môme qui fait l’homme. Difficile d’aimer l’homme quand il compte ses sous, tuant l’air qu’il respire, saccageant la forêt, affamant l’océan, mettant l’espace en cartes et l’espérance...
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À ma fille
R egarde en arrière, il pleut des gens. Neige tremblée, mouchetée, tombée légère d'origines multiples. Mémoires anciennes donnant chair au présent, tu es leur sillage ma fille. Le passé n'est visible qu'au drapé du rideau qu'on soulève parfois....
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À S. et C.
O n marche. On marche un monde multiple sur une planète plus grande que les buts. On marche dans un univers plus immense que les pensées. Au foin des errances, on espère l'allumette qui embrasera, qui révélera la puissance de la moisson. On rêve d'un...
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Chacun de mes mots
Chacun de mes mots est un peu de moi-même. Une musique mentale fait sa route dans le sommeil des choses. On recommence le monde en changeant quelques mots. Les arbres sont réels dans l'espace intérieur. Je poursuis la nuit, là où le sommeil invente le...
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Kateb Yacine
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Sur les vieilles photos
Sur les vieilles photos, sur le miroir des visages, les rides sont tous de la même famille, des oncles, des cousins, des grand-pères. Il manque les paroles, les bruits de l'air ambiant. Il manque la présence, les odeurs, la sueur, la chaleur ou le froid....
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Les mots deviennent chair
Avec l'argent, les hommes ne savent plus faire que du mal. Les banquiers sont un peu comme les hommes, avec le cœur en moins. Les soldats sont un peu comme les autres, avec la haine en plus. L'argent a une odeur, c'est celle du pétrole. Les riches pendant...
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Il faut vivre
Il faut vivre, disait ma mère. De rien du tout à la grande mer du néant, se poursuit la grande écriture du fleuve, avec ses heurts et ses retours, ses débours de langage, ses chicanes d’oiseaux, ses sacs et ses ressacs, ses tournures de phrases encore...
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Entouré de ceux qui n'y sont pas
Entouré de ceux qui n'y sont pas On guérit seul on guérit pauvre de sa naissance, mais surtout seul. Je ne regrette pas l’isolement. C’est une identité morale. On ne meurt qu’entouré de ceux qui n’y sont pas. La solitude est toujours la faute des absents,...
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Mon coeur de huit ans
Hier encore on a bombardé un hôpital et deux orphelinats. Comment garder espoir quand l'argent et le pétrole avec les fous de Dieu détruisent les maisons du cœur? Il m'arrive de passer du je universel au petit je me moi. Souffrant d'une entorse lombaire,...
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Festival paraculture
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Le prix du sang
Tout nous vient de la terre, de l'eau du puits au lait du pis, du vin des vignes aux petits pois, des petits poings du temps à la robe des blés. Quand le ciel est trop bas pour se tenir debout, je me nourris de mots et de cris éperdus. Je ne suis pas...
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Le stable et l'instable
Certains stylos font un bruit d'insecte sur la page, d'autres dérapent et glissent. Trop de points de suspension ligotent le silence. Il faudrait que les parenthèses restent ouvertes. Comme l'a fait remarquer Péloquin, dans la plupart des édifices, c'est...
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La voix des morts
La voix des morts est dans la voix des mots. Le vent souligne les odeurs corporelles du monde. On ne meurt pas vraiment. Utiliser les mots, c'est entrer dans l'imaginaire. Le réel est plein de portes dérobées invisibles à l'oeil nu. Il faut se concentrer...
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Elle était là quand on entrait
Tu m’entends ? Tu m’entends ? ai-je hurlé àtes oreilles, alors que la mort venait des’allonger sur toi, refusant que mes mainsprennent sa place sur les tiennes. Tu m’entends ? ai-je crié, tandis que ma viesemblait se défaire autour de toi. Commentpouvait-elle,...
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Des jours et des nuits
J 'ai déchiré des pans entiers du ciel trop bleu, trop confiant, trop indécis. J'ai gardé quelques livres, un vieux rêve, deux poignées de sable, une ou deux pommes vertes, de l'eau entre les doigts, de la musique sur un fil d'horizon ou de violon. On...
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Sur le fil de la chute
Pourquoi crier à l'impossible quand le possible est déjà là, prêt à entrer, qui n'attend plus que vous pour s'accomplir en vous accomplissant ? Il n'y a pas un homme qui puisse vivre heureusement de ses instincts bestiaux, enfermé dans son corps, incarcéré...
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Vers un monde plus vaste
L'avenir piétine devant des portes closes. Sa peau de plus en plus ressemble à du métal. Un clapet de plastique a remplacé le cœur. Ses genoux plient comme des joints de culasse. Certains mots se ressemblent. Il est normal de confondre l'effraie avec...
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Si vaste d'être seul
«Fais-toi une arche en bois de Gopher» (Génèse. 6.v I.4 ) Si vaste d’être seul, j’ai toujours aimé les cendres. Surtout les cendres de la Nuit. Et surtout quand la nuit est partout ! Écoutez-moi : je suis né au couteau sous des cendres De loups ! Exilé...
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Le scandale de la vente Rona
Un autre fleuron de l'économie québécoise, Rona, passe aux mains des Américains. Après la vente de Provigo, celle d'Alcan à Rio Tinto, pour ne nommer que celles-là, voilà que Rona subit le même sort avec la bénédiction du gouvernement Couillard: "Nous...
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On monte comme on tombe
Les yeux me sortent de la tête quand je ne veux rien voir. Il n’y a pas de lunettes chez les animaux. Ils voient les choses comme elles sont. L’homme essaie de voir plus loin, du moins celui à qui il arrive de penser. Ne pas mentir ne suffit pas pour...
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Je te regarde mon âme
Je te regarde mon âme, et je te voudrais belle, toi qui n'es qu'une âme de traverse-vie, une âme empruntée à l'Immense, toi qui cherches à te trouver une place à la taille de tes rêves.Toi qui, comme cela arrive parfois, es trop grande, trop libre, pour...
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La langue de ma mère
Je n’ai pas vu ma mère depuis vingt ans Elle s’est laissée mourir de faim On raconte qu’elle enlevait chaque matin son foulard de tête et frappait sept fois le sol en maudissant le ciel et le Tyran J’étais dans la caverne là où le forçat lit dans les...
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Un grillage au fond de l'eau
Il faut oser la liberté, oser dégrafer toutes les enseignes du dire, détacher les sangles moralisatrices et les dogmes purulents. Tout brûler et tout rendre sans nuance à la bouche percée, à la parole détachée. J’apprends chaque jour à ramasser les cendres...
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Les fantômes
Aujourd’hui ma nuit est enroulée Dans le temps d'avant L’image du père absent Qui ne venait pas souvent Le visage de ma mère Lorsqu’elle se penchait sur la vie Dans le berceau Dans le jardin Le visage de ma mère emmurée Assoiffée du moindre souvenir luisant...