Kateb Yacine

Publié le par la freniere

Les pauvretés de ton âme sordide,
Tu les verras, ma chère,
Se changer en prodigalités,
Si tu me réponds.
 
Ce sera un soir de Mai,
Et les oiseaux s'ennuieront
De leurs ailes...
 
A tes pieds,
Mon amour couché
Te chantera en arabe
La soif des coeurs nouveaux.
 
Les étoiles auront pour toi
Des regards chargés
De nostalgie électrique.
 
La lune te fera le gros dos.
 
Moi, j'aurai ensanglanté
Ce qui me reste de coeur,
Pour éteindre la solitude
De tes lèvres rouges...
 
Tu verras, telle une sultane,
Ramper autour de tes hanches
L'essaim des amours muettes,
Et ta main toujours froissera
La soie riche de quelque nouveau jouet.
 
Tu marcheras même sur le sang
De mes chimères sans firmament.
 
Mais au moins que je boive en tes lèvres
Un secret d'éternelle passion !
 
Alors, ma toute belle,
Je dévorerai ton âme
De sanglots sans fin...
 
Kateb Yacine, « Soliloques », (1946))
 
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