Au nom des miens
J’entends, je lis « la barbarie israélienne » et mon cœur saigne devant l’incompréhension et l’injustice.
Michèle Menesclou
les mots de la vie
J’entends, je lis « la barbarie israélienne » et mon cœur saigne devant l’incompréhension et l’injustice.
Le veilleur de silence
· L'enfant de guerre, Le Cherche-Midi, 2002
· La Messe en mort, Le Cherche-Midi, 2000
· Mourir à Vukovar, Cheyne Editeur, 1997
· Le Désert-Dieu, L'Alpha l'Oméga éditions, 1996
· Le Passeur d'Istanbul, Editions du Griot, 1992
· Le Quatuor de Prague, Editions de l'Aube, 1991
· Chasseurs d'Aube, Le Centurion, 1991
· Les Paris imaginaires, 1990
· Etats d'urgence, La Vague à l'âme, 1989
· Manifeste pour une VIè République, La Mémoire du Futur, 1988
· Anthologie des poètes du Sud de 1914 à nos jours, Le Temps Parallèle, 1985
· Le Passeur de silence, La Découvert, 1986
· La Nuit en poésie, Folio Junior, 1983
· Anthologie des poètes insurgés, Lima, 1979
· Et sois cet océan, Plasma 1981, Hachette 1984
· Quand je serais petit, Plasma, 1979
· Du pain et des pierres, Plama, 1977
· Ouvrez le feu! Plasma 1974, Hachette 1979Elle dit son nom plusieurs fois, comme on embrasse l’ange, sans le voir.
Flexible, elle épouse l’obscurité, repousse les limites, glisse sur les
absences, visite les silences, déclenche des orages. Elle dit son nom
plusieurs fois et l’image de lui courbe la ligne de l’attente. Secret peuplé
d’échos solubles qui rend l’homme présent, un tutoiement avide parcourt et
fragmente ses reins. Elle est un univers échevelé de fruits et de saveurs où
se lance l’instant. Des yeux d’adolescente. Un parfum de noisette. C’est une
rive d’eau et de pivoines en crue.
Ile Eniger
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Je marche ce matin aux prières des humbles avec ce poids au cœur qui incline ma tête. Des poussières de juin, je sais une douleur, je ne détourne pas. Les lilas ont fané, je touche leurs yeux secs d’une caresse simple. Piétiner une fleur pour en cueillir une autre n’est pas de mon propos. Il faut l’âme au présent quand on est imparfait. Les arbres me regardent. Les heures s’accomplissent. La lumière fragile où s’agitent les ombres accompagne mes pas, leurs traces inévitables. Je sais que je ne sais que cet état présent qui taille une fenêtre dans la pierre du ciel. Et je vois une peine où rougeoie la blessure. Ma route va nus pieds dans les mots qui se taisent. J’affaisse la laideur et la fureur du monde, les épines des phrases me trouveront sans armes, aucune guerre, jamais, ne peut justifier ses morts. Je n’ai qu’un galet lisse pour pacification. Et tu le trouveras dans mes paumes ouvertes et tournées vers le haut. On ne prononce bien que ce qu’on porte en soi de toute éternité. Ile Eniger
C'est un silence étroit de pierres et de pas dans les ronces. Une exigence aride. Elle est celle qui passe, avec à l'un ou l'autre instant, cette lame d'ombre, ce cri de feuille. Elle n'imite rien, d'autres le font. Plus aucune nuit ne blesse en tombant. Le noir vidé de jour fait un rempart contre l'agitation du monde. Elle croit pourtant la lumière et dit que la terre sait aussi cela, qui s'ouvre et se ferme sans inquiétude. Jusque sur la table l'advenir est simple de la surface lisse des murs qui garde trace des tableaux à l'odeur des Chasselas d'enfance. D'une gorgée d'été, elle dit qu'un seul rire éclaire. Elle dit que la pluie donne toujours quelque chose du ciel.
Ile Eniger
C’est un jardin de cotonnade blanche, un amandier à l’autel de l’hiver.
Miette de mésange aux nappes des nuages, elle écrit tout, dit tout, en
rangées de phrases qui font des vagues sur sa mer. C’est une fille d’eau, de
graines d’arbres, de gestes en liberté. Une maison de chemin qui place le
portail au beau milieu d’ailleurs. La chaleur de ses mains apaise les
douleurs. Sur la rouille des fils, dans les points de clarté, elle touche la
joie et ramène la braise. Elle a des yeux de louve qui profondent la nuit.
Et le crépitement qui enflamme, c’est sa robe qui tombe.
Ile Eniger