L'éternité de la rose (France)

Publié le par la freniere

Il y a dans la forêt une gare
Où ne passent que des trains de spectres
Les quais sont vides les horloges muettes
Il est toujours trop tard

Il y a une chambre blanche
Une porte où frappe
Un homme sans visage

Il y a dans le désert une tour
Que le vent tourmente
La gravir use les nerfs
Un dément s'agrippe entre ciel et terre

Il y a un enfant cruel qui nous fend le coeur
La douleur en est éternelle

Il y a au fond d'un trou une bille rouge
Qu'un écolier du bout de l'ongle bouge

Il y a dans le ventre de la colline
Une fouine aux yeux verts
Enveloppée de racines

Il y a trois filles nue fardées d'argile
Dans une rivière de lune et de nénuphars
Entre les feuilles luit l'oeil du loup

Il y a sur la neige un merle immobile
Plumage de nuit et bec de lumière
Telle est sa beauté que le ciel l'aspire

Il y a une fillette folle
Qui répète colibri colibri
Puis par la fenêtre s'envole

Il y a dans les nuages
Un paon qui fait la roue
Il pleut des plumes rouges

Il y a
Le feu fidèle
La tendresse des pierres
L'éternité de la rose

Jean Joubert



Publié dans Poésie du monde

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article