Bucolique

Publié le par la freniere

Me voici      néant      tu m'attendais          
depuis avant ma naissance oui
je te reconnais à ta figure vide
nous ne dirons rien      le vent nu
nous précède sur le chemin de campagne
nous n'irons pas loin      le vent
finit toujours par tomber on l'oublie
et le silence n'est-ce pas est une violence
qui ne fait pas de bruit      demain
n'existe plus      mort on s'en lave les mains
voici la colline aux corneilles
et des ormes qui persistent et des champs
toute une douceur d'horizon à l'abri
de la bêtise      mais le moment est venu
de se dissoudre dans la buée du soir
néant ferme-moi les yeux je te prie
et laisse-moi debout piquet de clôture
ici où ne passe personne ni le temps
et va sans crainte plus rien en ce monde
n'a de sens hormis à mes pieds
une touffe de fougère qui a besoin d'ombre
la mienne      pour vivre pourquoi pas

*

C'est une pierre dans un champ
il y a de la mousse sur la pierre
il y a des avoines dans le champ
l'une d'un vert tendre et sage
les autres longues et folles
cela fait banal et désuet
tombale est la pierre
et le champ cimetière
cela se trouve perdu
dans un coin de campagne
les chiens rongent les nuits sans lune
la poussière se lève de bon matin
on dirait que le temps traîne
entre les collines toujours les mêmes
les avoines taquinent la mousse
et la pierre dans son champ
dort sans bouger on dirait
on ne dit rien plus jamais
on est si paisible sous la pierre

 

Jacques Brault

Publié dans Poésie du monde

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