Décès verbal

Publié le par la freniere

pour me reconnaître au milieu du bétail

un détail

j'ai les yeux en croix

 

et les sanglots pleuvent sur les abattoirs

le cadran du cœur en sa cellule rouge

ronge son frein solaire

un serpent dans les entrailles

enquête sur le charivari

d'une nouvelle poétude sans père ni mère

 

consigne du festin vêtir ceux qui sont morts

pour hier ou demain pour la prochaine fête

on fabrique des ouvre-tête

d'ailleurs

le temps vient d'abolir le retard

d'ensevelir enfin les rêves sans saveur

de lyncher le scrupule notre peur d'avoir peur

victoire victoire

qui a crié victoire

 

pas facile de jeter l'ennui par dessus bord

quand les étoiles meurent au fond de la poitrine

jusqu'à la plante à bruits

profonde division d'attente

souffranciade en herbe alouette alouette

propagation de joie dans la moelle nubile

 

les ailes à l'embouchure des yeux surnagent

mais les plaies faussent vite le plan des songes

camouflent tout chant de haut-voltage

ah pouvoir parler l'argot des gens heureux

youp sur le mystère des chambres closes

 

bête à lumière noire

ma voix casse les noix du silence

fracasse la vitrine de l'ancien ciel

ô ma tête... sous les rouages de la Parole

 

Gilbert Langevin

 

Publié dans Poésie du monde

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