Six voix

Publié le par la freniere

Ce n’est pas la mer qui nous a recueillis,
Nous avons recueilli la mer à bras ouverts.

 

Venus de hauts plateaux incendiés par les guerres et non par le soleil,
nous avons traversé les déserts du tropique du Cancer.

 

Quand, d’une hauteur, la mer fut en vue
elle était ligne d’arrivée, pieds embrassés par les vagues.

 

Finie l’Afrique semelle de fourmis ;
par elles les caravanes apprennent à piétiner.

 

La mer était une bande en travers, caresse des pieds,
le plus aimable barrage de frontière.

 

Ce n’était plus à nous, mais au bateau d’aller,
le bagage déchargé des épaules, la mer était soulagement.

 

La mer pousse, confuse, un jour elle court vers l’est,
un autre elle veut le nord avec ses giclées de lait sur les vagues.

 

La mer n’est pas un fleuve qui connaît le voyage, mais une eau sauvage,
au-dessous c’est un vide déchaîné, un précipice.

 

Erri de Luca

trad. Danièle Valin

Publié dans Poésie du monde

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