Dans le presqu'été

Publié le par la freniere

nous nous serons recueillis au bord des corps comme s’ils étaient un dernier feu, nous aurons entouré les cendres de chants, d’homélies, de prières, de mots secrets ; les petites flammes de nos cierges éclairaient-elles assez leurs ascensions. une fois cent ans et une rose blanche puis une seconde fois cent ans de vie, une seconde rose. nos fronts descendaient si bas qu’ils frôlaient la terre noire où dorment des milliers de fois mille corps comme autant de fleurs aux printemps. qu’entendions-nous avec nos cœurs trop gros, enflés de pleurs, d’amour surtout.

ensemble, nous nous serons penchés et avec nos pauvres mains, celles avec lesquelles nous avons partagé le chagrin et la compassion, l’amour le plus simple, nous aurons pris la terre, tendrement, à peine une poignée, et couché en elle le berceau et la racine. notre berceau, notre racine. deux fois la neige sur les fleurs blanches. deux fois l’éclaircie. un doigt de soleil tombant au juste moment de l’adieu.

tous ensemble nous nous sommes sentis seuls, aussi seuls que nous étions assemblés. si seuls qu’il nous aura fallut toutes nos mains toucher, nos corps vifs serrer, nos yeux ouverts sur nos souvenirs, pour nous rappeler que l’hiver meurt, que le printemps passe, que l’été viendra avec sa chaleur comme nos cœurs battent vivants, comme les enfants rient dans le presqu’été. et nous nous serons souris au-dessus des larmes avec cette vaillance rare et généreuse de vouloir la force pour l’autre. la douceur, aussi.

Catrine Godin

Publié dans Poésie du monde

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