La ballade des gilets jaunes

Publié le par la freniere

Que va-t-on faire de vous, hommes de peu, mes pareils, les infimes
Si le peu que vous avez, on le donne au Medef, à Gattaz, à Carrefour, à Sanofi
À ceux qui détournent la prime à l’embauche et licencient ?

Qu'allons-nous faire si le crime économique paie plus que la sueur versée
Sinon trimer, chômer, crever ou devenir des Gilets Jaunes ?

Que va-t-on faire de vous, petits hommes de rien, travailleurs, mes amis
Si certains d'entre vous n'ont même pas de toit,
Si l'on réduit vos salaires, vos retraites et supprime la réversion ?

Que va-t-on faire quand, la nuit, nos enfants ont froid
Sinon trimer, hurler, se révolter ou devenir des Gilets Jaunes ?

Qu'allons-nous faire, nous qui voulons vivre dignement ?
Quand l'artisan et le retraité comptent leur pain
Quand des travailleurs se suicident ?

Nous qui condamnons les extrêmes et la violence, que peut-on faire,
Sinon enfin nous réveiller, lever le poing et réclamer justice ?

Que va-t-on faire quand l'employé quémande son dû
Quand les grands patrons touchent cent fois nos salaires
Et nourrissent les paradis fiscaux ?

Que peut-on faire
Sinon, enfin, lever le poing et réclamer justice ?

Que va-t-on faire de vous qui n'avez rien dit quand, aux rubriques de la désinformation
Les bénéfices des autoroutes, des aéroports, de la Française des Jeux, d'EDF, d'Alstom,
Et tout ce qu'on nous a volé devenait dividendes d'actionnaires ?

Que peut-on faire,
Sinon, enfin, nous réveiller et réclamer notre bien ?

Que va-t-on faire, hommes de la rue, vous qui n'avez rien dit
Quand le démembrement du bien collectif s'appelait privatisation
Et quand, à la finance, on offrait les ressources de la France ?

Sinon trimer, chômer, hurler, crever, ou devenir des Gilets Jaunes ?

Que va-t-on faire de vous, hommes de la rue, qui n'avez rien dit
Quand on a volé nos suffrages et livré la France à l'Europe du grand capital
Que faire quand ils tuent le social, ferment nos écoles, nos hôpitaux et nos gares ?

Que doit-t-on faire quand le capital déchire le contrat social
Sinon nous réveiller, lever le poing et réclamer justice ?

Que va-ton faire de nous, les infimes,
Quand nos impôts financent les pertes et les projets du privé
Quand l'Europe des lobbies, du CETA et du TAFTA nous met en enfer ?

Que faire quand les gros mangent les petits, quand les céréaliers tuent la terre ?
Sinon enfin se réveiller, récupérer ce qu'ils nous ont volé ?

Que peut-on faire quand le roi roule pour 5% des Français ?
Quand, aux fêtes du capital, il veut supprimer cent vingt mille fonctionnaires
Que fera-t-on mes amis, quand il y aura cent vingt mille chômeurs de plus ?

Quand comprendront-ils
Qu'à trop faire patience la colère prend le pas ?

Quand comprendront-ils que la France n'est pas une boutique
Que l'Etat n'est pas une entreprise dont on peut licencier les citoyens
Qu'aucun d'entre nous n'est sacrifiable pour le profit de quelques-uns

Quand comprendront-ils qu'hommes de peu ou de rien,
Même nous, les infimes, méritons de vivre décemment ?

Enfants de France et d'ailleurs et vous mes pareils,
Quand sauront-ils que les hommes ne sont pas machines exploitables
Dont on brade la sueur et la conscience aux bourses du travail ?

Sauront-ils que l’injustice forge les révoltes
Que l'impatience enfante des Gilets Jaunes ?

Que va-t-on faire, hommes de rien, enfants du Tiers État
Si le roi et les premiers de cordée n’entendent rien
Si Liberté, Justice, Égalité, sont si mal partagées ?

Sinon devenir des Gilets Jaunes
Et enfin se réveiller, lever le poing et réclamer JUSTICE ?

Sauront-ils
Qu'à trop ignorer les peuples, rois et dictateurs perdent leurs trônes ?

Jean-Michel Sananès

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