La grive litorne (Chili)

Publié le par la freniere

Voilà une litorne dans le jardin
pieds fermes, oeil vigilant
son ouie sent déjà les lombrics
onduler sous la terre,
chaussée de bottes de peau jaune
elle n’a pas besoin de lever
ses ailes pleines de rosée
ni son plumage de piments
elle voyage sur terre et sur l’herbe
parcourt le parfum du Chili
l’odeur des blés secs,
l’ombre des oranges,
l’air vert de la menthe
et quand la litorne se sent rassasiée
par tant de dons naturels
elle soupire mélancolique,
prend la tristesse dans ses ailes
et, avec sa guitare végétale,
chante la voix de l’eau
chante sa chanson liquide
comme une goutte ou un raisin
ou une triste ritournelle
puis continue son chemin
foulant avec délicatesse
le corps odorant du Chili.

Pablo Néruda

Traduit par Aaron de Najran

Publié dans Poésie du monde

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