Schyzophrénie linquistique (Cajun)

Publié le par la freniere

I will not speak French on the school grounds,
I will not speak French on the school grounds.
I will not speak French...
I will not speak French...
I will not speak French...
Hé! Ils sont pas bêtes, ces salauds.
Après mille fois ça commence à pénétrer
Dans n'importe quel esprit.
Ça fait mal ; ça fait honte ;
Puis là, ça fait plus mal.
Ça devient automatique,
Et on speak pas French on the school grounds
Et ni anywhere else non plus.
Jamais avec des étrangers.
On sait jamais qui a l'autorité
De faire écrire ces sacrées lignes
À n'importe quel âge.
Surtout pas avec les enfants.
Faut jamais que eux, ils passent leur temps de recess
À écrire ces sacrées lignes
Faut pas qu'ils aient besoin d'écrire ça
Parce qu'il faut pas qu'ils parlent français du tout.
Ça laisse voir qu'on est rien que des Cadiens.
Don't mind us, we're just poor coonasses.
Basse classe, faut cacher ça.
Faut dépasser ça.
Faut parler anglais.
Faut regarder la télévision en anglais.
Faut écouter la radio en anglais.
Comme de bons américains.
Why not just go ahead and learn English.
Don't fight it. It's much easier anyway.
No bilingual bills, no bilingual publicity.
No danger of internal frontiers.
Enseignez l'anglais aux enfants,
Rendez-les tout le long,
tout le long jusqu'aux discos,
Jusqu'au Million Dollar Man.
On a pas réellement besoin de parler français quand même.
C'est les État-Unis ici,
Land of the free.
On restera toujours des poor coonasses.
Coonass. Non, non. Ça gêne pas.
C'est juste un petit nom.
Ça veut rien dire.
C'est pour s'amuser. Ça gêne pas.
On aime ça. C'est cute.
Ça nous fait rire.
Mais quand on doit rire, c'est en quelle langue qu'on rit ?
Et pour pleurer, c'est en quelle langue qu'on pleure ?
Et pour crier ?
Et chanter ?
Et aimer ?
Et vivre ?

Jean Arceneaux
 

Publié dans Poésie du monde

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