Nouvel amour

Publié le par la freniere

Nouvel amour

 

Avec ces sinistres présages
nous apprendrons le langage
des genoux des omoplates,
des mentons mais pas de l'étage au-dessus,
des tibias, de l'incompréhensible
bouton du bedon de l'enfance,
des talons et des voûtes plantaires,
des épines dorsales et des clavicules,
photos osées du tendre
creux de nos coudes, et les doigts tumescents
dessinent le contour des parties manquantes sur le
mur; derrière et pubis
delphiques, aussi éloigné que Jupiter,
souvenir effacé comme le premier amour
que nous avons connu, nous-même un essai
devenu obsession : amour
au temps des années de peste __ on embrassait
un miroir pour voir si on était mort.
Maintenant nous réapprenons le futur comme nous
avons appris à marcher, comme un bébé attrape ses
orteils et bascule en arrière, se balance d'avant en
arrière. Cette nuit j'effleurerai ton poignet et dans un
an peut-être j'écraserai l'orbite de mon œil aveugle
contre ta hanche. Avec toute cette mort, dernière nous,
la lune est redevenue la lune.

 

Jim Harrisson (1937 - 2016)

 

Traduction :Pierre-François Gorse

 

Publié dans Les marcheurs de rêve

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