La vertu des hommes

Publié le par la freniere


Je chercherai longtemps des pétales de safran au milieu du cambouis,
aussi longtemps que l'amour aura les bras tordus
et les pieds dans les plats,
que le Wendat ne fera plus corps avec l'écorce
et l'homme avec la femme,
aussi longtemps que l'on mettra une sourdine au soleil
et des habits de guerre aux enfants de la jungle,
aussi longtemps que les prières s'adresseront à Dieu
au lieu d'honorer la terre,
aussi longtemps que le papier monnaie remplacera le cœur,
aussi longtemps que la justice aura les yeux d'un juge,
que le plasma des écrans supplantera la chair.


J'ajouterai des mots sur la page invisible,
des pépins de pomme dans le verger détruit,
des grains de sable dans les soupapes des moteurs,
des os à moelle dans la soupe du jour,
des grosses bûches d'érable dans l'âtre du bonheur.

J'ajouterai des couleurs à l'arc-en-ciel déteint,
des images à la voix, des caresses à la main,
des rallonges à l'espoir, des lucioles aux néons,
des vagues de fraîcheur à l'aride et le sec.

Je ne crois plus beaucoup à la vertu des hommes.

 

Publié dans Poésie

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