Des universitaires appuient Québec Solidaire

Publié le par la freniere


Pascale Dufour, Michel Freitag, Gilles Gagné, Georges Leroux, Jacques Lévesque, Sylvie Paquerot, Yvon Rivard, Lucie Robert ont signés le texte suivant rédigé par Jacques Pelletier et Jean-Marc Piotte.


Depuis trois décennies, le Québec vit en régime politique d'alternance. Malgré leurs divergences, notamment sur le plan constitutionnel, le parti libéral et le parti québécois mettent en application à peu près la même politique sur le plan économique, social et culturel, la différence entre eux étant affaire de nuances et de degrés.


C'est particulièrement le cas au cours de la présente élection, ce que la nouvelle « chef « du parti québécois a d'ailleurs reconnu récemment. Qu'il s'agisse du rôle de l'État dans l'économie, de la réorganisation du système de santé, de la réforme scolaire, du statut de la culture, les deux formations proposent le même programme et tiennent le même discours, inspirés par l'idéologie dominante du néo-libéralisme à laquelle elles s'abreuvent l'une et l'autre.


Il n'en a pas toujours été ainsi. Durant les années 1970, le parti québécois en émergence incarnait des idées nouvelles : l'indépendance et la social-démocratie face à un parti libéral fédéraliste et partisan du marché. Les citoyens se voyaient proposer un véritable choix, entre deux politiques opposées, représentant des conceptions substantiellement différentes de la vie collective et du bien commun. Ils se retrouvaient face à une authentique alternative, impliquant non seulement un changement d'équipe dirigeante mais un choix entre deux orientations politiques.


Nous n'en sommes plus là aujourd'hui. Le parti québécois, tout en gardant formellement la souveraineté au cœur de son programme, n'en fait toutefois pas un enjeu central de la campagne électorale, pas plus qu'il ne s'engage dans la promotion de la visée social-démocrate qui l'inspirait naguère. Il entend d'ailleurs repenser celle-ci, apparemment, car cela demeure flou, pour la moderniser et la rendre « efficace », pour en faire en somme une variante davantage « sociale » d'une politique foncièrement de droite. Bref, on ne voit plus en quoi cette formation se distingue vraiment de son adversaire libéral et pourquoi il faudrait l'appuyer sinon en vertu de sa compétence présumée supérieure pour accomplir un programme fondamentalement semblable. Dans cette optique, c'est la gouvernance qui apparaît comme le véritable - mais très limité - enjeu d'une campagne dans laquelle la politique est évacuée.


Pourtant, éclipsé dans la joute électorale monopolisée par les vieux partis, le politique retrouve sa place et sa portée dans le cadre de l'alternative proposée par les tiers partis, et plus particulièrement par Québec solidaire. Le programme et la plate-forme politiques de cette formation représentent en effet un choix radicalement différent qui pourrait entraîner la société québécoise dans une transformation en profondeur, sur des bases entièrement nouvelles.


Québec solidaire est le seul parti à prendre sérieusement en compte la crise actuelle de notre société, à en signaler la profondeur, au-delà de sa dimension proprement économique, et à proposer des solutions radicales et inédites pour en sortir. Et cela en questionnant les valeurs qui servent de fondements au désordre établi et aux priorités qu'elles impliquent : primauté du marché, de la concurrence, de l'individualisme, du chacun pour soi, au détriment de la vie sociale et de l'accomplissement personnel dans le cadre du bien commun et du progrès par et pour tous et toutes.


Québec solidaire privilégie la justice sociale et la lutte contre la pauvreté, l'égalité entre les femmes et les hommes, l'inclusion sociale des marginaux et des exclus, le respect de l'environnement et la démocratisation effective du système politique. Il reconnaît le rôle essentiel de l'État comme régulateur de l'économie et de la redistribution sociale des richesses. Et il estime avec raison que cette régulation nécessaire doit s'étendre à l'échelle internationale dans le cadre d'un pacte nouveau entre peuples libres, délivrés de la domination impérialiste. Ajoutons que cette formation est aussi la seule, au cours de la présente campagne, à promouvoir la souveraineté populaire par une démarche démocratique et inclusive, à cent lieux des frilosités et des fantasmes identitaires.


En somme, dans la conjoncture actuelle, Québec solidaire apparaît comme la seule organisation politique capable de proposer une rupture avec le système d'alternance qui condamne la politique québécoise à un face-à-face débilitant depuis trente ans et qui la voue à l'immobilisme et parfois à la régression pure et simple.


Travaillant aujourd'hui à un avenir fondé sur la liberté politique, l'égalité et la solidarité sociales, le respect de la nature et de l'environnement, Québec solidaire incarne un possible déblocage et un dépassement de l'impasse actuelle. Il mérite donc pleinement l'appui de tous ceux et de toutes celles qui aspirent, comme nous, à une transformation radicale et en profondeur de cette société, allant bien au-delà des changements cosmétiques offerts par les formations politiques traditionnelles.


Jacques Pelletier enseigne en études littéraires à l'UQAM, Jean-Marc Piotte est professeur émérite de sciences politiques à l'UQAM, Miche Freitag est professeur émérite de sociologie à l'UQAM, Gilles Gagné enseigne en sociologie à l'Université Laval, Georges Leroux est professeur émérite de philosophie à l'UQAM,, Jacques Lévesque est professeur de sciences politiques à l'UQAM, Sylvie Paquerot est professeur de sciences politiques à l'Université d'Ottawa, Yvon Rivard est professeur associé à l'Université McGill et écrivain, Lucie Robert enseigne en études littéraires à l'UQAM.




Publié dans Glanures

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