Une joie

Publié le par la freniere

Il a plu toute la nuit. Le ciel a lavé le matin. La toux grasse des suies a quitté les façades. Le brouillard plie ses draps. Tu trouves le jour neuf. La mer, sans prendre les mesures, arpente le même périmètre. Sous l'épine du froid, la terre serre ses os. Les fleurs d'hiver guérissent ses foulures. Entre la feuille et l'arbre, une très vieille entente, je reviendrai. L'heure s'achemine d'un rien : la corde où se pend le soleil chaque soir, une rocaille chaude, l'alerte d'une voix, un thé vert aux fleurs de cerisiers. L'insolite du simple, cette bruyère de landes au milieu de ta ville. Par une lune grise des chevaux sont amoureux des licornes ; croire, ce n'est pas savoir. Les doigts du gel hésitent en leurs étranglements. Tu te dis que rien d'essentiel ne s'achète. Le vieux sexe des sols prépare ses naissances. Tu te dis que le paysage marche haut, c'est-à-dire au plus proche, en maison silencieuse. Et ouverte. Tu éprouves une joie d'ouvrière, d'extrême jouissance, quand tu comprends que tout est là, et que tu peux tout faire.

Ile Eniger, Terres de vendanges

http://terresdevendanges.over-blog.com/

Publié dans Ile Eniger

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