La maison des horreurs
Laisse renverser cette huile tiède
sur tes draps de lin
sous la laideur des laines engorgées
Il faut tout brûler
blanchir sa mémoire
dans le vinaigre de l’espace
tue ta sœur
couvre-la d’huîtres et de miel
Il n’y a aucune crème pour apaiser
ne serait-ce que l’effacement
c’est pourtant avec celle-ci
qu’on lave ses cheveux
après la commotion
quelque chose ne germe plus
où reposent des plaques de thé humides et piquantes
un bouton creux
où appuyer en cas d’urgence
pour nous rappeler que l’intimité
est la propriété d’autrui
ma figure s’émiette lentement
ma peau flotte dans l’air
nous assistons au lever
de la tumeur blanche sous l’œil
même après je ne me souviens plus
comment on meurt
avant j’avais au moins mal
pour me le faire dire
(Hôpital St-Luc décembre 89)
Denis Vanier Les stars du rodéo