À force de se taire
J’avance dans les mots
comme un sang cherche sa blessure,
une chanson ses lèvres et la douleur sa plaie.
Les mains qui engendrent les ombres
sont les mêmes qui trouvent la lumière.
Les mots s’épanouissent ou bien s’évanouissent
sans qu’on sache pourquoi.
À force de se taire, à force de parler,
il faut les remplacer.
Il y a toujours un fleuve au milieu de la rue
que seuls les enfants, les clochards
et les fous apprennent à traverser.
Leurs paupières ont des ailes
et leurs mains vides servent de rames.
Je cherche encore la vie,
ce qu’il y a de mou au cœur des pierres
et de ruisseau sous l’asphalte.
Je cherche l’homme
mais je ne trouve que ses habits.
Jean-Marc La Frenière