Au hasard

Publié le par la freniere

À l’apogée des corps, je parcours avec toi le continent intime, le retour des vagues comme une source vive jaillissant de l’obscur. Il n’y a entre nous que l’épaisseur d’un ange, ses battements légers. Je marche sur le toit des mots pour te regarder vivre. Je ne sais pas toujours ce que tu dis, mais je trouve ça vrai. Je ne vois pas toujours ce que tu fais, mais je trouve ça beau. Je ne sais pas toujours ce que tu penses, mais je trouve ça bien. Je ne sais pas toujours ce que tu manges, mais je trouve ça bon. Une robe pour plaire, du beurre pour le pain, un caillou pour la route, un crayon pour écrire, c’est encore de l’amour.

*

 L’écorce du bouleau gagne sa transparence. Les érables sont fous. Je te sens dans mon dos attiser l’absolu. Tu bouges dans mes yeux comme les couleurs du monde. L’heure est venue d’apprendre ensemble, de partager l’amour et de toucher du doigt l’horizon du bonheur. Tu es la vague en moi où j’arrive à nager, la répondante, la prière. Tu es ma répondance et mon immensité. Tu es mon herbe nue sous la neige des jours. Je ne voudrais pour toi que le meilleur de moi.

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Encore un mot, beaucoup d’amour, un goût de fraise à tes oreilles. J’ai rangé mes outils sur l’établi du cœur. Je te laisse fleurir sur la tige des mots. Une source pour boire, une flûte pour jouer, une main sur un sein, une jambe pour marcher, un sourire aux oiseaux, c’est encore de l’amour. Tu m’as beaucoup appris de la fleur et des larmes. Je t’apprendrai le rire, la confiance et la force. Je t’embrasse en vitesse, en lenteur, en langueur.

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Encore une ligne ou deux, un bourgeon de plaisir pour égayer la nuit. La paix déploie ses roses. Elle voyage en pollen et j’ai des yeux d’abeille. Je dessine pour toi un arbre à mie de pain, un grand arbre sans fin. L’espoir porte ses fruits. Séparés, chacun à l’autre bout du monde, mais réunis par l’âme, nous poussons la folie jusqu’à l’éternité. J’ai les mains sous ta robe, un doigt sous l’élastique, entre la cuisse et l’aube. J’ai les désirs plus grands que la voix. Ces pages blanchiront. Ces mots s’effaceront. Il restera mon pain dans ton immense faim. Il restera nos corps emmêlés à jamais. Je t’aime bien plus loin que les mots pour le dire.

*

Chaque avion qui incise le ciel laisse tomber sur toi la neige qui m’entoure. J’ai retrouvé ton rire entre Bobin et Néruda. Le vent entre les pages m’apporte ton odeur. J’ai écrit un poème sur la dernière page comme on glisse un signet dans un livre d’espoir. Six familles d’oiseaux y couvent la parole. Quelqu’un sourit sur ton visage. C’est toi. C’est la musique et la lumière, un sentier dans les bois, une clairière tout entière. J’arrive à toi dévêtu de mon ombre, la tête zen mais le cœur en fusion.

 

Publié dans Prose

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