Et tout

Publié le par la freniere

Un moineau passe en sautillant, une jacinthe bleue s'en va dans une odeur surette, le ciel copie le printemps et s'y prend mal. Il y a dans l'air un air triste, tellement triste que le mot triste ne le contient pas. Il y a dans l'air l'éclatante neige du cerisier, tellement éclatante que l'amour y abonde dans la poussée des terres, la poussière des pollens, l'abeille, et moi, et tout. J'habite maladroitement cet écartement du vivre, son abîme de racines, ses explosions de feuilles, sa présence incertaine et pérenne. Je ne dis rien qui ne soit déjà dit, je dis ce que je vois, ce que je sens, ce que j'habite. Navigatrice obstinée de la lumière, je ne serai jamais passagère de jours habillés en réponses que le noir dissout. Je suis au variable du vivant, au battement du cardiaque, comme on est de la source au delta, sans certitudes, sans garanties. Par delà les distances, présente en chaque atome pour partager le souffle, je dis qu'aimer est dans la pierre, le sable, l'herbe, l'arbre, l'eau, l'air, et moi, et tout. Je dis que de mémoires anciennes remerciées en traversées sans cesse renouvelées, je, fractal, universel, est un pain reconnu, partagé. Et, sous la carcasse des mots, mon âme, profondément reconnaissante à la joie en travail.

 

Ile Eniger

 

Publié dans Ile Eniger

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