J'écris 5

Publié le par la freniere

J’ai mal du mal des hommes.

J’ai bonheur quand ils s’aiment.

Je défaille et m’agrippe.

Je suis douleur et joie,

l’avidité des feuilles

qui s’ouvrent à la pluie,

les yeux des tournesols

tournés vers le soleil,

la plongée des racines,

le futur des fleurs.

 

Je prends l’espoir dans la glaise,
les citrons, l’hippocampe.

Je prends tout ce qui passe,

les virgules d’un arbre,
le fou rire du vent,
les pieds de céleri,

les bras de mer,

l’œil du cyclone,

la tête des marteaux.

 

Je n’ai pas de fond

comme le puits donnant son eau,

les racines qui retiennent la terre,

les voix qui se nourrissent

dans l’humus du silence

comme des vers de terre.

Je ramasse et redonne

les fleurs d’oranger,

les miettes de pain,

les gouttes de pluie,

les trous de bouton,

les odeurs de tempête,

l’âme des violons

dans le ventre des arbres

près des pieds de chaise

et des montants de lit.

 

J’enfonce sans relâche

le clou de ma parole

dans les planches de salut,

le chalumeau du rêve

dans le bois des érables.

Je prends l’espoir dans la peau,

les cheveux et les dents,

l’écume des chevaux,

la bave des crapauds.

 

Je prends le rire des enfants

pour nourrir mes rides,

les messages invisibles

entre la chair et l’os,

la lumière dans l’eau

et l’air qui s’échappe

par les mailles du filet.

 

Je prends tout de la vie,

le temps qui court comme un lièvre,

l’amour qui mûrit

comme un fruit maladroit,

l’enfance qui persiste

sous les cheveux blanchis.

Publié dans Poésie

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