Avec mes mains

Publié le par la freniere

Nous sommes les deux morceaux d’un casse-tête qui figure le ciel. Quand je n’ai plus de mots, je cherche ton corps avec mes mains. Je t’envoie de gros camions déchargeant la terre de l’amour. Tu y plantes des fleurs. Il n’y a plus de route. Il n’y a que ton jardin. Il n’y a plus de ciel. Il n’y a que toi plus belle qu’un soleil, plus fraîche que la pluie, plus douce que la vie. Notre cœur en battant nous rapproche un peu plus. Je répète avec toi les mots de notre amour, les soupirs de la flûte, les gestes de la danse, les étamines enceintes dans le pollen des couleurs. Mon sang nage vers toi jusqu’au bord des mains, jusqu’aux vagues des doigts. Nous naviguons à deux sur la mer des caresses. Je viens à toi, le regard plein de mots qui ne se disent pas. C’est par la peau secrète que se partage le désir au corps sonore de l’amour.

J’ai vu l’hirondelle qui fait le printemps. C’est toi. J’ai vu la fée des étoiles. C’est encore toi. J’ai vu l’amour, la vie, l’espérance sous ta petite robe. J’ai vu le bonheur dans tes yeux. Nous labourons d’un même soc la terre des distances pour rapprocher nos vies. J’ai toujours des palpitations, un sautillement du cœur, lorsque je pense à toi. J’entends vibrer tes particules intimes, respirer tes odeurs. J’entends sourdre le désir au milieu de la nuit et naître la cyprine dans la grotte secrète. L’amour dans mon ventre remue son doigt vers toi, cherche tes lèvres nues, les larmes blanches du plaisir. Tu m’apportes les mots qui manquent à la phrase, la flamme sur la mèche, la fleur sur la tige, la rotation des astres imperceptible à l’œil, la seconde qui manque pour faire l’infini. Tu es un oasis inondant le désert, une île sur la mer englobant l’univers.

Je dors avec toi dans la pluie du cœur, l’orage de l’amour. Tu me fais croire à l’impossible, aux yeux ouverts à l’invisible. Tu me fais croire à l’âme qui nous reste dans les débris du monde. Je cherche dans la nuit ton corps où me coller, le bruit des étoffes libérant ta lumière. Je cherche avec ma langue les mots blottis entre tes seins, l’arrondi de tes fesses, la chaleur de ta peau, les gestes de l’étreinte. Je cherche ton jardin, ton ressac, ton souffle. Je t’apporte mes mots dans un bouquet de lèvres. Je suis la robe qui t’enserre et j’attends que jaillisse ta source. Je te lèche au bas-ventre. Comment l’infini peut-il être si proche ? Je le touche en caressant ton corps.

Toute la haine du monde est moins forte que ta main dans la mienne. Je garde toujours ta voix dans mes oreilles. Il y a tout dans ta voix, ton visage, tes robes, la chaleur de tes mains, la courbe de tes reins, tes pas sur le sol, ton parasol, ton odeur. Je l’écoute sans me lasser. C’est comme une musique vouée à la lumière, au rêve de la nuit, au feuillage des arbres. C’est comme le parfum émanant de la vie. C’est comme la vie même. J'entends ta voix dans chaque phrase.  Il y a des mots qui brillent plus que d’autres, mon amour, mon chéri, je t’aime. Ta voix dans mon sommeil me veille comme une lampe. J’écoute chaque souffle, chaque vague, chaque note qui me rapprochent de toi. L’espace s’agrandit à la mesure de notre amour mais le chemin rapetisse de ma bouche à la tienne.

Tu respires comme la mer. Mes mains tremblent à chacune de tes vagues. Ma maison a tes yeux pour fenêtres, un orchestre pour toit, ton amour pour entrer. Passé la porte de tes mains, j’atteins le paradis. Les plus beaux mots d’amour s’écrivent dans la nuit pendant qu’on ne dort pas et qu’on attend sa blonde. Je voudrais que les miens aient la douceur des doigts, la peau des mains, les lèvres d’une bouche. Je voudrais faire de la musique avec ton corps, de l’amour avec toi. Tu es venue à ce moment que l’on n’attend jamais et j’ai suivi tes hanches jusqu’au bout de la mer. Je t’ai suivi comme le vent qui touche l’horizon. Je marche avec les yeux fermés pour mieux penser à toi. Quand je les ouvre, je scrute les visages pour retrouver le tien. Je me déchire le ventre à t’envoyer des caresses magnétiques, des mots d’amour télépathiques.

Ta nudité fait fuir les mauvais esprits. La lumière est partout. La musique s’élève. Les lutins s’étirent comme s’ils voulaient te voir. Mes mots arrivent à toi tout affolés, les voyelles hérissées d’avoir trop couru. Ta langue les apaise. Je t’attends comme la pierre et l’eau. Je t’attends comme une pierre dans l’eau. Tes jambes sont des ailes. Il fait froid dehors mais ton ventre est si chaud. Fais-moi taire avec ta langue, ta bouche, tes lèvres. Fais-moi crier avec ton ventre. Ta main fait partie de la mienne. Nos doigts s’allument lorsqu’ils se touchent. Je sens ton cœur battre partout sur mon corps. Le mien consent aux débordements, aux grands désordres d’euphorie, au déluge des caresses.

Nous ne sommes que terre. Nous germons l’un dans l’autre. Nous ne sommes que ciel. Nous naviguons du cœur entre les voies lactées. Mon doigt sur ta peau nue ressemble à un crayon enivré de lumière. Tu as posé la main ferme du jour sur mes hanches de nuit, la pomme du plaisir dans ma paume affamée. Je ne vis vraiment quand dans notre amour, sans cesse en avant de moi, en avant de nous, à arracher les portes, à creuser l’horizon, à relier les points qui nous unissent. Ma tête de bois fleurit sous le vent des caresses. Ma peau d’ours devient une chair d’enfant. Tu pars de si loin pour arriver si haut, je dois marcher pieds nus pour suivre ton chemin. Tu arrives si belle, je dois lever les bras jusqu’à toucher le ciel. Je dois porter la mer jusqu’au bout de moi-même. J’ouvre tes vagues une à une pour y trouver la vie, la lumière, le feu. Tu es celle que j’aime chaque jour davantage.

Publié dans Prose

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