De ce côté-ci du ciel

Publié le par la freniere


De ce côté-ci du ciel ne perdure qu'une miette, une impression rosâtre, un soupçon de nuage qui disparaît avant d'y accrocher un seul mot.

De ce côté-ci du ciel, le crépuscule est venu me chuchoter que le temps nous rattrape comme un ogre affamé, que dès que je m'assoie il a les dents qui poussent, que la poussière attend, patiente, que chacun lui revienne.

De ce côté-ci du ciel, le vent a battu la cadence pour que l'obscurité avance jusqu'à me piétiner la tête de ses chaussons brillants et laisser dans mes cheveux des paillettes embrumées, des sentiments d'étoiles.

De ce côté-ci du ciel, les parfums se mélangent dans le grouillement du monde. L'air se frotte à la terre. Les arbres s'enlacent entre eux et l'eau creuse des lits sombres pour l'amour des poissons.

De ce côté-ci du ciel, la lune gomme le fracas des hommes, elle efface tendrement les vestiges du vacarme et la terre se repose un peu pendant qu'une poussière explore le monde sur le dos sombre de la lumière.

De ce côté-ci du ciel, les ailes des chauve-souris qui lui chatouillent le ventre font frissonner la nuit et son rire délicat est comme une prière, une chanson lancinante qui nous dit que le vide est le seigneur du monde.

Thomas Vinau

 


Publié dans Prose

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article